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Le Conseil des Ministres qui a pris la décision s’est tenu le vendredi, 29 juillet 2022 ; mais ce n’est que le lundi, 1er août que la décision a été rendu public : les salaires des enseignants des écoles primaires et secondaires, publiques et subsidiées, ont été augmentés de 88% pour les enseignants avec un diplôme de A2, et de 40% pour les enseignants avec les diplômes de A1 et A0 ; et cela à partir de la rémunération de ce mois d’Août.
Ainsi, un enseignant de niveau A2 qui avait un salaire brut de 57.639 Frw, va désormais avoir 108.488 Frw. Pour un enseignant de niveau A1, il va avoir 191.811 Frw au lieu de 136.895 Frw. Un enseignant de niveau A0 voit lui son salaire monter jusqu’à 246.381 frw au lieu des 176.189 Frw qui lui étaient dévolus jusqu’ici. Il s’agit ici des salaires bruts de départ de carrière. Un Euro vaut pour le moment autour de 1.000 frw.
La décision concerne directement 68.207 enseignants avec diplôme A2, 12.214 enseignants avec diplôme A1 et 17.547 enseignants avec diplôme A0. Ceci veut dire qu’au moins 97.968 familles sont directement concernées.
Jusque dans les années 80, un enseignant était une référence, un repère de progrès dans sa zone : maison en dure et bien entretenu, des enfants propres et en bonne santé, des enfants avec les moyens de bien terminer leurs études (souvent secondaires), habillement propre, des repas équilibrés, une agriculture et un élevage plus modernes par rapport aux autres agriculteurs, etc. Mais depuis les années 2000, l’enseignant était devenu la risée du reste de la population du fait qu’il était tout le contraire de l’enseignant des années 80.
Quand on voulait parler de quelqu’un qui porte des souliers trop usés, on disait qu’il porte des souliers des enseignants ! L’enseignant qui ne pouvait plus s’acheter une bière sans se ruiner, préférait acheter une bière traditionnelle dit « urwagwa » qui du coup avait changé de nom pour se nommer « urwarimu » (la bière de l’enseignant ». Certains enseignants en étaient arrivés à aller enseigner la journée et faire le transport de passagers par taxi-moto le soir et même toute la nuit. Une situation très triste pour quelqu’un à qui le pays a confié le destin de ses enfants, l’avenir de toute une Nation.
En 2009, la confédération syndicale COTRAF a mené une étude sur « les conditions socioéconomiques des enseignants des écoles primaires et secondaires du Rwanda ». En 2014, pour appuyer et relancer les efforts du COTRAF, INSP!R Zamuka alors appelé « Synergie des organisations partenaires de WSM au Rwanda » a également mené une étude sur « les conditions socioéconomiques des pensionnés et travailleurs à faibles revenus au Rwanda » pour un plaidoyer en vue de la détermination du SMIC et de l’indexation de de la rente de pension. Depuis, nous n’avons cessé de plaider pour les salaires minima selon les catégories professionnelles dans le secteur privé et pour la hausse des salaires des enseignants dans les écoles primaires et secondaires publiques.
Le Gouvernement avait pour longtemps fait la sourde oreille, arguant que la hausse des salaires des enseignants coûterait très cher au trésor public, qu’elle risque fort de causer l’inflation vue la masse des enseignants et que finalement, rien ne serait résolu. Il penchait plutôt pour les crédits aux enseignants, mais il était évident qu’avec un salaire maigre, l’enseignant ne pouvait pas solliciter un crédit significatif.
Les enseignants, les parents et INSP!R Zamuka saluent la récente mesure du Gouvernement d’augmenter les salaires des enseignants. La mesure valorise les enseignants qui vont être suffisamment motivés, place les enfants dans de bonnes mains avec une motivation certaine et concourt ainsi à l’avènement d’un avenir meilleur pour toute la société rwandaise. Et INSP!R Zamuka se félicite du travail accompli (avec d’autres acteurs évidemment), même si le chemin a été long et qu’il a fallu 13 ans pour y arriver. Nos remerciements appuyés à WSM dont le soutien a toujours été disponible.
Rédigé par Séraphin Gasore, Secrétaire Exécutif d’INSP!R Zamuka